LUC FERRY
Il est malaisé de définir sa forme d'intelligence, qui est peu commune, mais on pourrait la résumer ainsi : En dehors de Kant, il ne comprend rien de rien.
Il est malaisé de définir sa forme d'intelligence, qui est peu commune, mais on pourrait la résumer ainsi : En dehors de Kant, il ne comprend rien de rien.
Le premier vivait l'existence d'un étalon sauvage, libre d'aller brouter où bon lui semblait, au gré de sa curiosité et de son imagination ; le second mène la vie d'un cheval de course, au service d'une écurie, et guidé par des œillères. Le premier reste connu pour une théorie, une découverte ou un ou deux livres ; le second n'est désigné par – et éventuellement reconnu qu'à travers – des chiffres, nombre de publications ou h-index.
Pour justifier l'embauche de membres de leur entourage, nombre d'élus ont argué de la nécessité d'avoir à travailler « en confiance ». Ils n'ont jamais entendu parler des Atrides ? (Ni de la famille Laroche-Villemin ?)
On peut reprocher beaucoup de choses à Jean-Luc Mélenchon – et on ne manque jamais de lui faire des reproches qu'on ne pense pas à faire à beaucoup d'autres –, la culture léniniste, les admirations ambigües, les amitiés coupables, mais son épaisseur historique, sa fibre contestataire et justicière, son maniement de la rhétorique et de la langue, son humour, sa mauvaise foi assumée, même, au service d'une certaine efficacité politique, en font l'une des dernières rares et plus pures incarnations d'un certain esprit français.
Il gagne tout et à tous les coups ! À supposer qu'Il s'aligne au départ de la finale du 100 mètres des Jeux olympiques de Paris ou de Los Angeles, qu'on Lui attribue le meilleur couloir et qu'Il n'ait aucun concurrent, Il gagnerait encore !