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Le Moyen Véhicule : Auto d'édition Hypertexte à prétention littéraire

100. Préface

François Cosmos

On priverait le lecteur ou la lectrice de cet ouvrage de la plus grande partie de son plaisir éventuel de lecture, en ne consacrant pas l’essentiel de cette préface à lui dévoiler la machination littéraire qui en est à l’origine. En effet, cette œuvre est, à notre connaissance, une première dans l’histoire de l’édition, puisque son auteur attitré, François Cosmos, n’en est pas vraiment l’auteur, les véritables auteurs étant au nombre de sept en tout. Mais par ailleurs, François Cosmos n’est pas non plus un pseudonyme collectif, comme Bourbaki ou Les Gracques par exemple, ce qui ne ferait pas de cet ouvrage une première, mais il est seulement le pseudonyme de l’un de ces sept auteurs, qui se prénomme François autre chose. Et si les noms des sept auteurs sont bien quasiment tous cités parmi les auteurs des textes ici regroupés, dont certains sont nommément signés par deux ou trois d’entre eux, par contre certains de ces textes cosignés à deux ou trois n’ont en fait été écrits que par un seul auteur, tandis que d’autres ont été écrits à plusieurs alors qu’ils ne sont signés que d’un seul nom, et généralement dans ce cas, François Cosmos. Mais alors, pourquoi signer cette œuvre du seul pseudonyme de François Cosmos, au lieu d’en faire un recueil collectif de textes signés par sept auteurs en tout ?

 

Le Club des Sept

Car nous sommes un groupe de sept amis et amies qui nous connaissons depuis nos années d’école maternelle à Bordeaux. Plus exactement, nous n’étions pas tous les sept en maternelle au même endroit, mais un noyau de cinq déjà, que les deux autres ont rejoint un peu plus tard. Qu’est-ce qui nous a réunis, et nous a conduits à rester tous en contact et aussi soudés depuis aussi longtemps ? S’il est difficile de répondre à la première partie de la question, à la seconde en revanche, si, car il est évident que le ciment principal, à partir d’un certain stade d’évolution de nos vies, a été notre l’amour de la littérature de fiction. Déjà au moins tous et toutes jeunes lectrices et lecteurs du Club des cinq et du Clan des sept d’Enid Blyton, c’est sous l’influence et sur l’incitation d’une de nos professeures de lettres en quatrième et en troisième, que nous nous sommes toutes et tous mis et mises à écrire des nouvelles à la manière de Dino Buzzati. À partir de ce moment-là, le pli était pris, et nous avons continué, quand déjà nos camarades de cette génération à avoir la fibre artistique se tournaient plutôt vers la pratique et l’écriture de la musique et de chansons.

A partir d’un autre moment pourtant, un peu plus tard, en mûrissant, il est apparu à la plupart d’entre nous qu’ils ou elles n’avaient pas un don suffisant pour en faire une vocation, un métier, pour écrire quelque chose qui vaille qu’on y consacre ses jours et ses nuits puis qui passe à la postérité. Sans compter que nos études supérieures ont fini par nous entraîner chacune et chacun dans des voies divergentes, sans pourtant que même ceux et celles qui s’en écartaient le plus n’abandonnent pour autant leurs premières amours littéraires. Alors, comme les Frères Jacques, qui n’étaient que quatre, ou les Compagnons de la Chanson, qui étaient neuf, nous avons fini par penser que mettre en commun, exercer collectivement, tisser ensemble nos petits talents individuels pouvait compenser leurs insuffisances respectives, et produire quelque chose qui vaille enfin la peine d’être publié, et pourquoi pas, d’un peu grand. C’est celui d’entre nous qui se fait appeler François Cosmos qui en a émis le premier ouvertement l’idée, et c’est pourquoi c’est sous son pseudonyme que nous nous présentons publiquement, sans pour autant nous dévoiler individuellement. Restait à mettre au point le protocole, à définir une stratégie et une tactique littéraire.

L’une d’entre nous s’est d’abord chargée d’infiltrer le milieu de l’édition. Celui-ci étant, on le sait, particulièrement fermé, il lui a fallu s’y introduire par l’un de ses rares interstices, et le développement de la littérature électronique en a offert l’occasion historique rêvée, car elle en a étendu la surface et donc fait craquer de partout les coutures. Le hasard, qui a joué comme pour toute chose son rôle, l’a mise un jour en contact avec un autre jeune Bordelais nommé Patrick Lunners, installé depuis peu en Belgique, qui avait les mêmes goûts et pas moins d’ambition littéraire que nous. Nous avons pu ainsi planter notre graine originelle au sein des Editions Limitées, que venait de créer Patrick Lunners, et voir nos premières pousses émerger, croître puis se multiplier dans leurs pages électroniques puis dans celles de leur revue LImité. Profitant de la croissance parallèle de cet éditeur, de son extension à l’édition papier, il ne restait plus pour parachever notre œuvre, qu’à convaincre Patrick Lunners de réunir ces textes épars et répartis sur près de dix-sept ans d’existence des Editions Limitées, dans un ouvrage à part entière, et c’est celui que vous avez devant les yeux. Si le résultat en est donc une première, il a donc évidemment toutes les chances d’être également le dernier, maintenant que notre mystification est ainsi dévoilée.

 

Les Sept du Club

François, dit Cosmos, est professeur de lettres dans une ville moyenne du centre de la France. Son pseudonyme vient de ce qu’il a épousé l’une de nous sept, Anne-Sophie Kaos, et ils forment d’ailleurs le seul couple qui se soit constitué sur la durée parmi nous.

Anne-Sophie a pour couverture d’être une avocate spécialisée dans les procédures de divorce. Elle exerce au même endroit que son mari François, encore que pas tout à fait, car au tribunal évidemment, lequel est situé par ailleurs dans la ville mitoyenne. Le pseudonyme que François a choisi indique bien qu’au-delà de ce qu’Anne-Sophie écrit elle-même, elle a aussi une influence sur ce que lui-même écrit. Et l’inverse est sans doute vrai.

Guy-Vincent Raphaël est également un pseudonyme, qui a été rendu nécessaire car l’original est chercheur à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), et le dévoilement d’un violon d’Ingres littéraire aurait constitué à coup sûr un coup d’arrêt pour sa carrière scientifique. Passant la majeure partie de l’année en Amérique centrale, son pseudonyme est une référence et un hommage au Sous-Commandant Marcos, dont on disait à l’époque qu’il s’appelait en fait Rafael Guillén Vicente.

Guy Van Stratten n’est par contre pas un pseudonyme, contrairement à ce que son homonymie avec le personnage du Mister Arkadin d’Orson Welles pourrait laisser penser. Dans son cas, c’est plutôt, à l’inverse, cette homonymie qui lui a inspiré le texte qu’on lira sous son nom dans ce recueil. Il est rédacteur d’une lettre électronique confidentielle hebdomadaire d’information des cadres du Renseignement et de la Défense nationale. L’affichage public de son nom ne le dérange en rien, puisqu’il sait bien que si jamais il se trouvait un lecteur commun à sa lettre électronique et aux publications des Editions Limitées, ce sera un fonctionnaire à la John Le Carré, connaissant le pouvoir de dévoilement de la littérature et sachant qu’il s’agit d’une activité tout sauf frivole.

Après une carrière bien remplie de mère de famille au foyer, Andrea Rico a repris récemment à Lyon ses études littéraires de traductrice, qui avaient été interrompues par la première d’entre ses sept (chiffre encore une fois nourricier pour nous, donc) grossesses. Elle fait du coup partie de cette nouvelle vague de traductrices et de traducteurs qui n’hésitent pas à avouer, que si le texte qu’il ou elle a traduit n’est évidemment pas sans rapport avec le texte original, elles ou ils sont par contre les véritables auteurs ou autrices du texte une fois traduit. (Milan Kundera a été le premier des auteurs à en prendre conscience, raison pour laquelle il a revu entièrement toutes les traductions de ses romans pour lesquelles il était en mesure de le faire, et a même malheureusement fini par les écrire directement en français.) Elle n’est pas pour rien dans la proposition qui a été faite de traduire en espagnol, pour le site Les Métisseurs de mots, certains textes publiés par certains d’entre nous, parmi lesquels une nouvelle signée François Cosmos, dont on lira la traduction dans ce recueil.

Philippe Sarr, sans doute le plus doué d’entre nous, est aussi celui qui a le moins besoin d’être présenté, puisqu’il mène parallèlement une existence d’auteur individuel. L’un de ses textes, De l’origine des espèces, fait également partie de ceux qui ont été traduits en espagnol dans le recueil Hombre y Animal des Métisseurs de mots.

La dernière d’entre nous, mais pas la moindre, devra rester anonyme, car on aura sans doute déjà compris que septième membre de notre Club, elle est la première qui soit parvenue à faire son nid dans l’édition, et elle tient à ne pas en être chassée. On peut tout de même dire qu’elle est l’autrice de textes sensibles, et par-dessus tout, comme Patrick Lunners, une accoucheuse et une passeuse de littérature.

On aura sans doute du coup compris également, que Patrick Lunners a joué dans toute cette affaire le rôle du huitième mousquetaire. Sa créativité, son exigence littéraire, et aussi une bonne dose de tolérance et de capacité d’amusement, ont été pour beaucoup dans la gestation de cet ouvrage. Qu’il en soit ici remercié.

 

Les dix-sept nouvelles

Comme l’indiquent les titres des deux premières nouvelles du recueil, Variations imposées sur la Justice (parue pour la première fois dans la revue LImité, n° 13, septembre 2014), et Au Cygne noir. Cinq variations mortuaires (première mise en ligne le 23 avril 2011 sur le site des Editions Limitées), ce sont des variations composées elles-mêmes de séries de nouvelles. On les a placées au début du recueil, d’une part parce qu’elles annoncent, en petit, la construction et la tonalité générale de cet ouvrage, qu’on peut lire comme une gigantesque variation combinatoire constituée de renvois et de résonances internes, la seconde marquant une première tentative d’intégration de ces nouvelles entre elles, mais également parce que ce sont celles des nouvelles qui ont associé le plus grand nombre d’auteurs parmi nous. Même si, à l’origine, chacune des nouvelles individuelles a eu un auteur ou une autrice unique, la série de relectures et de réécritures qui en ont été faites rend maintenant impossible de déterminer quels en ont été exactement l’ensemble des contributeurs. Nous ajouterons que le genre de la narratrice ou du narrateur apparent des textes serait un indice trompeur, d’abord parce qu’il a souvent été inversé au cours du travail de relecture et de réécriture, ensuite et surtout car les plus mâles d’entre nous avaient parfois choisi de mettre en scène une narratrice, et inversement pour les dames.

Les trois nouvelles suivantes, L’invention du pistolet (première mise en ligne, dans une version légèrement modifiée, le 28 mars 2011 sur le site des Editions Limitées), Donostia, ou La seconde période dans l’existence d’un couple (première mise en ligne le 2 juillet 2011 sur le site des Editions Limitées), et Le premier conte du hamac (dont une version antérieure a été mise en ligne le 10 avril 2011 sur le site des Editions Limitées), poussent le principe de fusion et d’indistinction des contributeurs des deux premières nouvelles un cran plus loin, puisqu’il n’y reste presque plus rien de visible parmi les couches de peinture littéraire qui y ont été successivement apposées par plusieurs d’entre nous. De la première à la troisième de ces nouvelles trois à cinq, par ailleurs, le degré d’intégration des différentes contributions va croissant. Leurs dates de première mise en ligne pourraient laisser croire qu’elles ont été écrites avant les deux premières nouvelles de ce recueil, dont on a pourtant dit plus haut qu’elles représentaient une étape antérieure de notre travail commun, mais là aussi, les apparences sont trompeuses. Pour ceux et celles qu’étonnerait le titre de la deuxième nouvelle (la n° 4), Donostia, c’est le nom basque de San Sebastián (Saint-Sébastien en français), et on y trouve l’écho de vacances que certaines et certains d’entre nous y ont passées, soit ensemble, soit à part, soit seul ou seule.

 

L’Eventail de Lady Nicktamere

Les deux nouvelles qui suivent, Chapitre 6:00 : Les prolégomènes dans le boudoir (première mise en ligne le 3 mai 2013 sur le site des Editions Limitées), et Chapitre 7:00 : Les écuries – histoire de mouches (première mise en ligne le 13 mai 2013 sur le site des Editions Limitées), sont deux chapitres du roman intitulé L’Eventail de Lady Nicktamere. The Never Ending Novel. La mise en ligne du premier de ces deux chapitres était accompagnée des deux textes suivants :

1) Introduction – La règle du jeu

Argument faible (fourni par François Cosmos) : L'action se passe à l'occasion de la grande réception estivale annuelle au Castle Nicktamere (unité de lieu), au milieu de nulle part dans la campagne anglaise, entre six heures du soir et le lendemain matin (unité de temps), à l'heure où les plus fêtards s'endorment enfin, ou où (outre les noisettes et les écureuils, les oiseaux de nuit pullulent et hululent à foison dans le parc alentour et jusque sous les combles du château) les premiers levés prennent leur breakfast, ou jusqu'au moment où les derniers invités quittent les lieux après avoir fini les restes du dîner en guise de déjeuner. Comme on le découvrira dans le chapitre introductif, alors qu'il règne une victorieuse chaleur caniculaire, Lady Nicktamere, au moment d'aller accueillir ses hôtes, n'arrive plus à remettre la main sur son éventail, qu'il va s'agir, pour les auteurs des Editions Limitées, de rechercher dans toute la demeure et sa propriété, et pendant toute cette nuit (unité d'action).

Argument fort (idée venue à Cosmos François, modérée par Patrick Lunners) : C'est un roman « en éventail » :

- Le premier contributeur (François Cosmos, après tirage au sort effectué par Cosmos François sous le contrôle de Lydie Salvayre) écrit le chapitre introductif, qui est le chapitre 6:00 (comme Six o'clock ; innovation fondamentale, à la connaissance de FC comme de CF, dans l'histoire de la littérature mondiale).

- Patrick Lunners confie à deux autres contributeurs la rédaction du chapitre 7, qui est donc le deuxième, ou plutôt les deux deuxièmes, du roman ; ce seront les chapitres 7:00 et 7:30.

- PL confie alors à deux contributeurs la rédaction du chapitre 8 qui forme la suite du 7:00 (ce seront les chapitres 8:00 et 8:15), et à deux autres contributeurs la rédaction du chapitre 8 qui forme la suite du 7:30 (ce seront les chapitres 8:30 et 8:45).

- Et ainsi de suite… Si PL ne trouvait plus assez de contributeurs au bout d'un moment, il pourrait se contenter d'un continuateur au lieu de deux. Par exemple, un seul continuateur pour le 7:00, pour deux pour le 7:30 ; ces chapitres suivants seraient alors appelés, respectivement, 8:00, 8:20, et 8:40.

- Quand tout le monde en aura marre, Maître Lunners sifflera la fin de la récréation, et confiera à un ou plusieurs contributeurs le soin de conclure, par un seul chapitre, tout ce micmac – Maître Cosmos est candidat, mais il sera peut-être mort ou dément sénile précoce d'ici là, et Maître Lunners reste de toute façon seul maître à bord du paquebot LImité (tiens, une autre idée pour un deuxième roman-feuilleton en éventail : l'action se passe à bord d'un paquebot de luxe, dans le dédale duquel le capitaine Achablé a égaré son rhinocéros de compagnie ; le titre : E la nave va sur le Nil blanc).

Du fait des unités de lieu, de temps et d'action, ces contributions à la semi-aveugle devraient parvenir à faire involontairement se croiser et se recroiser les personnages, s'entrecroiser leurs actions, et se chevaucher les temps, aboutissant à une forme « en toile d'araignée », qui pourrait donner un résultat dans la veine de La Vie mode d'emploi, Shining, La Règle du jeu (pas celle de BHL) ou Meurtre dans un jardin anglais, ou encore à la Alan Ayckbourn (possiblement en moins réussi). Certains engorgements dignes de la scène de la cabine d'Une Nuit à l'opéra ne sont pas à exclure.

Contraintes fortes (pour partie fortement renforcées par Patrick Lunners) :

- Chaque chapitre se déroule dans une pièce différente du château (boudoir de Lady Nicktamere, salle de bal, salle de billard, chambre de X ou Y, cuisines, chambre froide, sauna scandinave, placards à balais, etc.) ou de ses dépendances (écuries, serre tropicale, jardin à la française, labyrinthe végétal, étang à nénuphars avec son pont japonais, etc.), et à l'heure indiquée.

- La chasse à l'éventail doit rester le but de tous les chapitres, elle peut éventuellement n'en devenir que le prétexte, mais devra dans tous les cas y être au moins mentionnée.

- Aucun auteur ou ni éditeur des Editions Limitées ne doit apparaître en tant que personnage (certains pourraient mal le prendre et vouloir se venger, et il ne s'agit pas que cette possible friandise se transforme en Agatha Christie trash ou gore – ceci dit, pourquoi pas (un Agatha Christie trash et gore) ?).

Contraintes faibles :

- Les contributeurs des chapitres parallèles les écrivent indépendamment, sans se concerter (ou alors ils se démerdent, personne ne va aller leur tenir la plume et faire la police littéraire dans les couloirs du château et les allées du parc).

- Les Nicktamere sont richissimes et généreux, et leur demeure est très vaste (sans compter le parc), aussi les personnages peuvent apparaître d'un chapitre à l'autre et se mettre à proliférer comme des drosophiles. Toutefois, l'effet Spiderman évoqué plus haut ne pourra être obtenu que par un retour épisodique à la Balzac au moins des personnages principaux. C'est notamment pour cette raison qu'on a cherché à ce que les auteurs mâles obsédés hétérosexuels, et les auteures à inclinations lesbiennes plus ou moins affirmées, soient rapidement très attaché-e-s aux caractères féminins bien trempés qui apparaîtront dès le chapitre introductif.

Contraintes absentes (détendez-vous, souriez…) :

- Des contributeurs peuvent revenir écrire plusieurs chapitres, qu'ils soient ou non la suite d'une de leurs contributions précédentes.

- Le Castle Nicktamere étant propriété familiale depuis des siècles, et ayant été meublé au coup par coup et selon les goûts changeants des héritiers successifs, toutes les pièces ont des décorations différentes, et donc tous les styles sont permis. On pourrait même entrouvrir des portes donnant sur des scènes que même Kubrick (sans parler de Stephen King) n'aurait osé glisser dans Shining.

- La chambre jaune, la 237 et la suite 2806 ne sont pas interdites.

- Le côté British, toujours plaisant, n'est pas obligatoire : on est au XXIe siècle, et les Nicktamere reçoivent maintenant une société mélangée et cosmopolite, aussi bien la Jette Sec internationale que la Star Ac' et son nombreux public (la populace, quoi).

- Enfin, comme on le sait, la météo est rapidement changeante sur les îles britanniques, et si tout va commencer sous la canicule, il peut arriver que les nuits deviennent très fraîches même au cœur de l'été, aussi les auteurs ne doivent pas hésiter à faire tomber un peu, voire une bonne couche de neige sur le parc et les toits du château si le besoin romanesque s'en faisait sentir (sans compter la pluie, mais ça évidemment, ce serait le contraire qui deviendrait à force étonnant).

Récompenses (pour partie promises par les Editions Limitées) :

- Outre le privilège de participer, comme il a été souligné plus haut, à la première œuvre de la littérature mondiale à commencer par le chapitre 6, les contributeurs pourraient, de surcroît, avoir la chance d'entrer également dans le Livre des records (et donc de se partager un pack de Guinness) en coécrivant le premier roman qui soit objectivement et volontairement interminable (on épargnera ici les susceptibilités et de la place en nous abstenant de citer la longue liste de ceux qui le sont subjectivement et involontairement), et qui constituerait donc dans le domaine littéraire un modeste équivalent du Never Ending Tour de l'incomparable et inatteignable Robert Allen Zimmerman.

- Par ailleurs, si les auteurs travaillent bien, et comme il faut savoir terminer une longue comme une brève, ils se verront offrir, par les Editions Limitées, un livre électronique regroupant leurs contributions et agrémenté d'illustrations.

2) La pelle à contributions

Vous avez entre 13 et 113 ans, vous vous piquez d'écrire ou ça vous chatouille l'esprit, et après avoir lu la drolatique et forcément ludique Règle du jeu et le remarquable et néanmoins succulent premier chapitre (Chapitre 6:00 : Les prolégomènes dans le boudoir) du roman-feuilleton potentiellement collectif, et potentiellement interminable, des Editions Limitées, définitivement intitulé L'Eventail de Lady Nicktamere, l'envie vous démange d'en rédiger vous-même la suite, c'est-à-dire le deuxième chapitre, c'est-à-dire plus exactement l'un des deux deuxièmes chapitres.

Saisissez alors votre souris ou votre clavier et faites part à M. Patrick Lunners, P.-D.G. des Editions Limitées, à l'adresse editionslimitees@hotmail.fr, de cette irrépressible envie, en lui précisant 1) lequel des deux deuxièmes chapitres (le 7:00, se déroulant de 7 heures du soir à 7h29, ou le 7:30, se déroulant quant à lui de 7h30 à 7h59) vous vous proposez d'écrire, ainsi que 2) dans quelle pièce du Castle de marchand de sable Nicktamere, de ses dépendances, ou dans quelle partie de son parc vous comptez le mettre en scène.

Vous pouvez également, en lieu et place, ou parallèlement, vous porter volontaire pour rédiger une note biographique, la description sous tous les angles et de tous les points de vue, ou bien faire le procès à charge, d'un des protagonistes du chapitre 6:00 de L'Eventail (ou d'un de ceux qui apparaîtraient dans le chapitre 7:00 ou le chapitre 7:30), notules qui auront vocation à composer une hypothétique parce qu'ambitieuse Encyclopédie des personnages de L'Eventail de Lady Nicktamere.

Good Luck! (Et merci pour nous.)

L’Eventail de Lady Nicktamere est une déclinaison de celui de la lubitschienne Lady Windermere. C’est un peu comme si sa coquine de fille Arachnéa avait percé d’un coup toutes les canalisations du château, en faisant ainsi remonter à la surface et déborder de partout tout ce qui peut s’y écouler comme cyprine et comme sperme dans tout le cinéma du grand Ernst. La première de ces deux nouvelles (n° et chapitre 6) est signée par François Cosmos, et la seconde (n° et chapitre 7), individuellement par Philippe Sarr.

 

Les dix-sept nouvelles, suite

La nouvelle suivante, La pièce manquante, permet d’introduire une respiration dans le recueil, d’une part parce qu’elle est la plus courte, d’autre part parce qu’elle est la seule en français à être parue ailleurs qu’aux Editions Limitées, en l’occurrence dans la revue Squeeze (n° 4, hiver 2011), à la suite tout de même d’un accord passé avec la revue LImité. On a résisté à la tentation de ne pas l’inclure, car dans ce cas, elle aurait été doublement une pièce manquante.

On a également résisté à ne pas inclure celle qui suit, La page blanche. Confettis de légendes bouffées aux mythes, puisqu’elle avait été refusée par la revue LImité pour son n° 14, décembre 2014, mais dans une version raccourcie amputée de son caractère de journal d’écriture collaborative sur Etherpad, qu’on lui a rétabli ici.

Suivent deux autres inédits, L’inquiétude, la peur, l’angoisse et l’effroi, et Des nouvelles de l’étrange, qui ont été (presque entièrement) écrits pour ce recueil.

Les deux nouvelles suivantes, Petibou. Où l’on apprend comment nous nous sommes rencontrés. (Nouvelle traduite du français par l’auteur) (première mise en ligne le 15 mai 2011, dans une version légèrement modifiée, et sous le titre Petibou, sur le site des Editions Limitées), et Un juego de cañas, cosignée par Andrea Rico et François Cosmos (dont une première version est parue en février 2020 dans le recueil Hombre y Animal des Métisseurs de Mots dont il a déjà été fait mention, sous le titre La lanza afilada), sont nos deux premières incursions dans le domaine fascinant de la traduction littéraire. Comme on l’a déjà écrit plus haut, ces traductions ont un rapport plus ou moins lointain avec les nouvelles originales, ce sont de nouvelles nouvelles (et pour la seconde, du coup une nouvelle nouvelle nouvelle). Elles ont toutes deux comme ressort dramatique la confrontation entre les mondes macroscopique et microscopique, en quoi on peut y voir la métaphore de traductrices et traducteurs se voyant comme des nains posés sur les épaules de géants, sauf que le nain de la première nouvelle devient le géant de la seconde ! On trouve dans la première nouvelle une référence explicite à une autre série de livres de jeunesse dont nous avons tous et toutes partagé la lecture, Petitou de Dick Laan, ainsi qu’aux Voyages de Gulliver, et dans la seconde, en vrac, des références à Kafka, à Gombrowicz, à Don Quichotte, et à d’autres de nos destinations de vacances ibériques. L’introduction à La lanza afilada, dans le recueil Hombre y Animal, précise qu’elle fue publicado inicialmente en L’Atelier du roman n° 27, en septiembre de 2001 (con el seudónimo Antoine Gauthier). De esta manera, con la difusión de este texto por todas las revistas, páginas web, blogs y seudónimos, el autor espera lograr constituirse una obra. Su traducción en español es una forma de volver al origen, pues La Lance rompue está “inspirada en una historia real” que le ocurrió al autoren un alquiler de una propiedad vacacional de Costa Blanca, donde se mantuvo encerrado durante una semana. El vinho verde tiene por objetivo cubrir las pistas ibéricas. El título, en el país de los hidalgos destructores de molinos y de las corridas, quiere hacer creer que consigue vencer la impotencia, a la cual se encuentra reducido el Hombre occidental moderno cuando se trata de probar que tiene cojones. On peut noter en passant, on vient tout juste de s’en rendre compte, que Gauthier est le nom de famille de trois des cinq membres du Club éponyme, François, Michel Mick et Annie.

Les deux nouvelles suivantes se suivent et se ressemblent, puisqu’elles portent quasiment le même titre, Vanitas (à l’origine celui d’une micronouvelle inspirée par un dessin d’Audrey Quittet, destinée au Hors-série n° 7, juin 2020, de la revue LImité), et Vanitas – Rectificatif. La première fait apparaître un nom d’auteur qui n’a pas été cité jusque-là, Richard-Laurent Étienne Barnett. On pourrait en déduire qu’il ne fait pas partie de notre Club des Sept, et se demander ce qu’il fait là. Ce qu’il fait là, on le découvrira dans la nouvelle qui la suit et la rectifie. On y découvrira également qu’on ne peut pas en déduire pour autant qu’il ne fasse pas partie de notre club, puisqu’il peut très bien être un autre pseudonyme de l’un ou l’une ou plusieurs, jusqu’à six, d’entre nous. Six maximum, car s’il était pour partie, comme François Cosmos, un pseudonyme collectif de l’ensemble de nous sept, nous pourrions le dire. Mais évidemment on ne peut pas vous l’assurer non plus.

L’escalade continue avec les deux textes suivants, Des illuminations, une illumination (paru pour la première fois dans la revue LImité, n° 3, mars 2012), et Une Enquête de François Cosmos (paru pour la première fois dans LImité, n° 0, juin 2011), puisque d’une part, ils affichent nommément trois nouveaux auteurs, Anne-Sophie Kaos, Guy Van Stratten, et Pierre Ménard, dont encore un, le dernier, à n’avoir encore jamais été cité dans cette préface, et que d’autre part, ils relèvent pour partie de l’essai littéraire, un genre qui se doit maintenant, après Milan Kundera, encore lui, d’être inclus dans n’importe recueil en forme de variations digne de ce nom. Pierre Ménard, qui vous dira sans doute quelque chose, n’est toutefois pas un auteur dans le genre de R.-L. Étienne Barnett évoqué plus haut, c’est même peut-être son contraire absolu, puisque c’est lui qui aurait été entièrement plagié, et si vous voulez savoir par qui, lisez la nouvelle qui porte aussi son nom. Celle-ci confirme par ailleurs qu’il existe un tropisme ibérique chez nous, tempéré toutefois par le tropisme anglo-saxon du premier de ces deux textes. Ce qu’on peut vous confirmer également dès à présent, c’est qu’effectivement Pierre Ménard a existé, qu’il est bien l’ancêtre de l’une ou l’un d’entre nous, mais il n’a peut-être jamais porté ce nom. L’autre texte, le précédent, porte quant à lui la signature d’Anne-Sophie Kaos pour la seule fois dans ce livre, et de Guy Van Stratten pour la première sur deux occurrences. Pourtant ce n’est pas à ce texte-là, parmi les dix-sept du recueil, qu’Anne-Sophie et Guy ont le plus contribué.

Avec le texte qui suit, Modeste proposition d’introduction d’un indice permettant de quantifier de façon extensible la beauté féminine : le Quotient Esthétique (QE) (première mise en ligne, dans une version légèrement modifiée, et sous le titre Le Quotient Esthétique, le 14 mars 2011 sur le site des Editions Limitées), on atteint une sorte de pic, puisqu’on pose alors un pied, plus haut encore que sur le terrain de la critique littéraire, dans la fourmilière de l’expertise scientifique. On y reconnaîtra bien sûr une inspiration largement puisée chez Georges Perec (comme pour le texte précédent, d’ailleurs), mais également un pas de plus, une extension de la portée des textes de Perec, puisque le nôtre ne vise pas seulement la forme de la littérature scientifique, mais également son fond, son idéologie, sa réification du monde. Et là nous sommes partagés parmi nous sept, et même au sein de quelques-uns et unes d’entre nous, puisque si certaines et certains y voient un pas parfaitement franchi, d’autres lui préfèrent les pas de côté, et vers l’azur, des originaux pérecquiens. Les premiers lecteurs de ce texte étaient déjà tout aussi partagés, puisqu’il a d’abord été refusé par la revue L'Arsenal par 3 voix à zéro (et 1, « Texte prétentieux, vraiment prétentieux », et 2, « Canulard [sic] médiocre à rejeter absolument », et 3, « Texte très bien construit, cohérent, complet, brillant. On a toute l'apparence d'une thèse [resic]. Malheureusement, ce texte ne correspond pas au projet éditorial de L'Arsenal »), avant d’être accepté par les Editions Limitées (merci Patrick !). Apparaît également là ouvertement pour la première fois l’auteur Guy-Vincent Raphaël, dont on a dit plus haut qu’il était devenu le plus scientifique d’entre nous, et évidemment ce texte lui doit beaucoup, mais il n’est pourtant pas le seul.

Vous devinerez en lisant le texte suivant, l’Entretien avec François Cosmos cosigné par Guy Van Stratten et François Cosmos sur des questions de Marianne Desroziers, autre écrivaine et éditrice bordelaise (première mise en ligne le 14 septembre 2011 sur le blog de critique littéraire de Marianne Desroziers, Le Pandémonium Littéraire), qu’on y trouve encore plus de Guy-Vincent, alors qu’il ne fait pas partie des auteurs cités. Si c’est un entretien à trois, dont celui des trois qui est censé être interviewé est en apparence celui des trois qui s’y exprime le moins, et si peu, c’est qu’évidemment, ici comme ailleurs dans ce recueil, nous fûmes plus que deux ou trois, ou même quatre avec Guy-Vincent, non seulement à participer à l’élaboration des réponses, mais également à celle des questions. Que des auteurs écrivent eux-mêmes les questions et les réponses d’une interview, ce n’est pas une première dans l’histoire des entretiens littéraires, mais qu’ils et elles s’y mettent à plus de sept pour ça, voilà où se situe son caractère inédit. Cet Entretien permet surtout, sous forme d’autocritique littéraire, d’introduire et d’éclairer les dix-sept nouvelles du recueil, y compris celles qui ont été écrites après la réalisation de l’entretien.

Vient ensuite, on approche du terme, ouf ! un extrait de journal intime, Suva. La seule fois que j’aurais tenu un journal intime pendant dix-sept mois d’affilée (des extraits en avaient été mis en ligne, sous le titre Suva. La seule fois que j’aurais tenu un journal intime pendant dix-huit mois d’affilée, le 8 juillet 2011 sur le site des Editions Limitées), genre littéraire qui, avouez-le, aurait également manqué ici si on n’avait pas pensé à l’y mettre. Mais on l’y a surtout mis parce qu’il inclut notamment de toutes petites nouvelles qui complètent les dix-sept autres. Par ailleurs, peut-on parler de journal quand on n’a pas écrit tous les jours, d’intimité quand on a été sept à se partager une plume, de dix-sept ou dix-huit mois quand il s’agit en fait de plusieurs, on n’irait pas jusqu’à dire dix-sept ou dix-huit, années ? D’après Wikipedia, Suva (parfois francisé en Souva) est la capitale des Fidji. On vous avoue que plus personne parmi nous sept ne se souvient pourquoi nous avons choisi ce titre, et pas Souva, ni lequel ou laquelle d’entre nous l’a fait, et de surcroît personne non plus n’est jamais allé là-bas, ou alors quelqu’un ou quelqu’une y est bien allée ou allé, a choisi ce titre, et se rappelle pourquoi, mais ne veut pas l’avouer, pour une raison qu’on saura du coup encore moins. La seule référence à des îles au milieu de l’océan de ces dix-sept nouvelles se trouve dans Un juego de cañas, Hinano, qui est la compagne, ou la belle-mère, ou une jeune fille au pair, ou la bonne du narrateur, étant originaire d’une île. Mais Hinano, toujours selon Wikipedia, c’est un nom tahitien, celui de la fleur de pandanus, et ensuite d’une célèbre marque de bière (voir Wikimedia. Le Portail de la bière). Or, d’après l’Entretien précédemment cité, le Professeur Cosmos est un gros consommateur de bière. Or de plus, vous savez déjà que Guy-Vincent Raphaël a largement inspiré ce portrait de Professeur. On vous dit ça, vous en ferez ce que vous voulez, nous on n’en tire pour autant aucune conclusion.

Pour finir, au cas où vous vous demanderiez pourquoi on a ouvert ce recueil de nouvelles en plein milieu, comme un cadavre exquisément éventré, en en laissant la porte béante comme dans une vulgaire série télévisée, c’est-à-dire en ouvrant tout grand les fenêtres du Castle Nicktamere, eh bien posez-vous-la la question ! Et alors vous en viendrez à soupçonner que s’il y a tant de tiroirs, de bureaux, de dossiers, de doubles fonds, de poches, de corbeilles, de placards, d’armoires, de vraies et de fausses portes, de pièces, d’escaliers, de chausse-trappes, de caves, de jardins clos, de labyrinthes, d’espaces faussement ouverts, dans les dix-sept nouvelles que voici, c’est qu’ils ne peuvent tenir, être contenus, que dans le domaine du Castle, ou alors sur l’éventail de Lady Nicktamere, sorte d’Aleph borgéso-ménardien qui se répéterait sous la forme d’une farce.

 

[à suivre]

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