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Le Moyen Véhicule : Auto d'édition Hypertexte à prétention littéraire

105. Le premier conte du hamac

François Cosmos

Les noyers dans la chair desquels elle avait été tournée pourraient être les ancêtres de ceux-là qui, dans les pleins concaves, au creux des premiers doux virages de la route montant au col, sont arrimés à la terre verte et toujours humide – au point de décourager régulièrement les pique-niqueurs tout d’abord attirés, malgré les dictons menaçants et l’expérience incertaine qu’ils expriment (moi-même y repense à chaque fois que je passe sous la fraîcheur immanquablement renvoyée, dans n’importe quelle campagne estivale, par les feuilles glacées de l’un d’eux, et j’évite de m’arrêter, d’y faire installer mes proches, même de simples connaissances récentes, tout cela sans le dire, ni donner l’air d’y songer, en parlant d’autre chose, ou désignant un meilleur emplacement, profitons un peu du soleil, ce sont les premiers véritables rayons de l’année, ou parmi les derniers, il n’est pas si vorace, le fond de l’air reste frais, quand même), par l’obscurité majestueuse et quasi palpable, presque magique, celle des nuits shakespeariennes ou vaudoues –, jamais loin du roc, des parois moussues et parcourues d’un pingre buis ras libérant certaines des composantes les moins désagréables des senteurs d’urine – ou bien peut-être également parfois, durant l’affluence touristique, mêlé d’urine, mais suffisamment fouettée d’air saturé des gouttelettes suspendues échappées aux cascades et au troupeau échevelé des centaines de rus vifs dévalant les pentes, pour être lavée des écoeurantes sensations de liqueurs denses stagnant aux coins des couloirs confinés des métros et des hypercinémas, et au tréfonds des parcs à voitures enterrés dessous les cités des Hommes d’aujourd’hui –,

 

et plus rapprochés de ceux-là que, aux mêmes endroits, de modestement bruyantes troupes familiales, les hommes en manches de chemise blanche et bretelles, et pour la plupart un béret bien brossé qu’ils faisaient aller du crâne à la main, puis au crâne, ou, pour un temps – le temps de la dépense physique –, sous l’élastique de l’une des bretelles, là où elle mord, au ras de la ceinture, le pantalon sombre, en tête, allaient gauler à pied depuis le village, plusieurs bons kilomètres, et raides, par ces joyeux après-midi de vacances de ma mère enfant, ou ceux plus menaçants, fréquemment plus nuageux, de la Grande Guerre, pendant lesquels on faisait plus méthodiquement réserve de nourritures, quoique la région eût échappé, du début à la Libération, aux drames et empoisonnements des privations,

 

mais plus probablement venaient des plaines bordelaises, ou du Périgord, comme cherchaient à l’indiquer le nom et l’adresse abrégée du fabricant gravés sous un coin – le coin le plus proche de l’évier, dans la cuisine salle à manger où je l’ai toujours connue jusqu’à la mort des ses propriétaires –, puis teintés au noir, ou pyrogravés. Armoires placides et craquantes, aux portes méchamment grinçantes, lits et chaises « en faux Henri II » – dixit la tante voisine, dont les lentes jeunes années passées à veiller quelques vaches parmi les prairies d’altitude à peine déneigées, avec les scintillements de la vallée offerts à ses pieds, depuis l’âge où elle pourrait retrouver son chemin, de la grange spartiate à la maison familiale, toute seule, avaient durci la dent, au figuré, et au pluriel et au propre, noircies, que ces années avaient laissée analphabète, moqueuse peut-être, mais jamais véritablement jalouse, car trop écrasée par l’évidence des destins inégaux –, tables de nuit toujours doublement entrebâillées, buffets épais aux vaisseliers mamelus dont les vitres ondoyantes déformaient, quand on appuyait le bout du nez contre, les habitants – Chinois forcément souriants et courbés dans les deux sens, leur natte trempant dans la soucoupe, hérons ciselés dans du verre de Bohème, cigogne attrape cigarettes, Hollandaises aux robes, cheveux, yeux bleus et moulins légèrement déteints, serpents rampant aux cuillères... – entassés et superposés à force d’être accumulés, comme dans ces scènes naïves et jamais crédibles aperçues en introduisant la tête jusqu’aux épaules à l’intérieur des attractions de foires miniatures, tabourets agités d’un perpétuel balancement, cantines vouées à revenir secouées par tous les embruns des mers coloniales, par les explosions aux ports suffocants, tamponnées d’étiquettes à chaque fois un peu plus orientales, puis levantines, jusqu’aux bancs en chêne relégués à la cave ou finissant leur carrière sous les arbres ou contre les haies de groseilliers du verger, les pieds dans l’herbe jusqu’au tablier au fil des ans gagné par les taches coalescentes poussées par des lichens blanchâtres ou éclaboussées par les colombes d’albâtre velouté attirées par le poulailler d’à côté,

 

tous portaient les sceau et style du même artisan ou entrepreneur, au patronyme d’ascendance maghrébine, installé à Bordeaux – ville fanal, capitale régionale d’où l’on faisait également livrer, outre le vin et le cognac, bien sûr, les grands chiens de race mouchetés dès leur naissance, les fusils proverbiaux, les nappes et leur linge assorti, et le tissu pour les costumes du dimanche taillés sur place par d’authentiques philosophes de canton. Patinée par les crachats rageurs ou conditionnés d’apprentis probablement imberbes, un chiffon bruni à la poche, gorgée d’essences qu’on se plaisait à imaginer honnêtement soutirées en Inde ou à Ceylan, convoitée par quelque replet négociant en porto et liqueurs accompagné d’une femme toupie animée de la giration à double sens de vagues de volants mauves bordés de carmin superposés de sa taille jusqu’au sol sous la coquette protection d’une ombrelle à la forme et aux couleurs dans le même goût déjà suranné, qui l’aurait caressée du duvet raide recouvrant, comme d’un singe, les dos de ses phalanges boudinées et par trop étranglées de chevalières chevauchant en désordre son alliance – et elle, peut-être évaluée d’un postérieur glorieux voluptueusement posé contre l’un de ses bords sous les regards incrédules des apprentis suffoqués au point d’en être empêchés de s’avertir mutuellement des coudes –, refusée par le sacristain étroit, mort de tics, envoyé en mission de prospection, d’un curé landais, négligée ou finalement délaissée au profit d’autres plus belles ou moins chères, ou plus larges et plus longues ou moins grandes, ou plus ou moins chaudes, par un défilé serré, compact, de bourgeois pressés, de fières épouses d’armateurs, de couples de fonctionnaires naturellement timides, de militaires désœuvrés, fraîchement démobilisés, de demi-mondaines entre amies, riant en cœur à l’abri de leurs gants de dentelle, lorgnant le vendeur les lorgner, ou un client esseulé, ou leur protecteur ou l’un de leurs habitués avec Madame et Mademoiselle, ne les reconnaissant forcément plus, arrangeant de trois doigts assurés, faussement indifférents, un pli à leur robe sur le devant, vers le haut, du côté de leur hanche, ou le carré de mousseline glissé entre leurs seins en prévision de la chaleur, des gouttes de sueur inopportunes qui pourraient sourdre à leurs fronts d’un lisse calculé, à leurs poignets et nuques tendres, à leurs roseurs à l’air offertes, inaperçue, sans doute, par une proche mariée qui l’aurait, elle aussi, fait entrer dans notre patrimoine, enfin chargée sous l’œil inquiet de dévote implacable de l’arrière-grand-tante, convoyée en Traction pour l’une de ses deux ou trois sorties solennelles de l’année, dedans un court fourgon kaki à la tranche dorée de la même inscription que les meubles qu’il n’aura cessé de disperser par les villes et leurs faubourgs aux trottoirs encore absents et les campagnes, jusqu’aux hameaux les plus au sud des plus perchés – j’en ai vu, de ces fourgons, peut-être même celui-là, sur d’anciennes cartes postales agrandies environ quatre fois et encadrées, avec le message, ou sa fin rendue incompréhensible, sur le devant, tracé d’une plume qui avait dû être violette, montrant la partie, jusqu’à MATELASS, non masquée par la caisse du fourgon, de la devanture d’une boutique de bourrelier matelassier, avec son patron reconnaissable à ses bras croisés, ses employés alignés, affligés, apeurés, très sérieux ou hilares, en tablier comme leurs femmes ou collègues, ou des voisines, les cheveux impeccables en chignon, des gosses la casquette enfoncée jusqu’au bord des sourcils, repoussée sur l’arrière de la tête, ou au bout des doigts malgré qu’ils devaient être bien sales, retenant un cerceau pour l’instant suspendu, et un nombre variable d’inévitables chiens tristement efflanqués (comme sur toutes les gravures urbaines populeuses de nos livres d’Histoire) – et la patronne et ses filles et les bonnes aux fenêtres à l’étage ? –, aux murs, à part cela nus, beige crépis, d’un magasin de prêt-à-porter qui en avait pris la lointaine succession –,

 

pour être aussitôt soumise à la grêle répétée, régulière, d’assiettes et de couverts, de verres tranchants, de récipients pesants et le plus souvent brûlants, du vase en grès remis vertement à sa place, au centre, après chaque repas, au tonnerre plus espacé, mais parfois précipité, ou simultané, de paumes rieuses ou d’un poing rageur, à une blessure aiguë, dont la cicatrice se désigne encore aujourd’hui, égale à sa jeune forme, probablement amorcée par la violente attaque de la pointe d’un couteau pliable au cours du casse-croûte improvisé qui suivait traditionnellement les retours des parties de pêche au petit jour, aux hivers craquelants car trop pauvrement combattus par une unique et insuffisante cheminée, et sèchement suivis de canicules rapidement gonflantes, moisissantes sur leurs retombées, aux vers et à leurs traitements acides, aux frôlements doucereux, hérissants, des poils de quatre-pattes suant ou mouillés par la rosée du soir, par les orages, collants – les Bobby, les Black ou Blackou, les Isis de mère en fille, le légendaire Quint de Carbonat, alias Stop (le chien le plus fou, le seul véritablement et proprement fou qu’il m’ait été donné de connaître, virevoltante illustration canine de la dégénérescence des lignées nobiliaires, que le moindre camion un peu bringuebalant, ou descendant trop vite l’avenue passant devant la grille du jardin, faisait détaler comme un lièvre particulièrement couard jusqu’au fin fond du terrain – prémonition d’une destinée qui le conduira à rejoindre une vingtaine de ses congénères mis en terre là, la plupart après une belle mort, très âgés, quelques-uns, tout comme lui, prématurément projetés gueule ouverte et sanglante, d’une carrosserie huilée contre l’arête du trottoir, par la négligence d’une main oublieuse des précautions élémentaires de fermeture de la porte piétonnière, le dernier avant lui pour avoir trop avant tâté de la mort-aux-rats ou aux taupes, ou d’un mélange des deux, par les mêmes cérémonieux mouvements de bêche silencieux, apaisés et confiants, que le grand-oncle mettait en œuvre dans sa pratique quasi professionnelle du jardinage, quatorze cents mètres carrés ! je me souviens de l’amer parfum des colliers verticaux de tomates vertes dont je suivrais le rougissement inéluctable, depuis sa retraite précoce de l’armée, puis des responsabilités municipales,

 

ou réminiscence d’un traumatisme juvénile, le voyage jusqu’ici peut-être, resserré dans une cage aveugle mal tenue ayant donné sans arrêt tour à tour contre les quatre parois mates d’une camionnette de livraison vide de tout, sauf des puanteurs étrangères des volailles et des cochons (je tentais vainement, était-ce seulement pour rire à part moi ? de l’analyser alors que, découvrant adolescent Freud dans le texte, il se tenait allongé tout du long du banc ajouré calé dans le gravier sous le marronnier de la cour à sucer frénétiquement un os, à l’aide de bruits, de gestes et d’images, dont je me persuadais qu’ils pourraient être adaptés à sa condition) ? –, qui passait l’entière longueur des après-midi lourds, le museau coincé contre la froide cuvette des toilettes, en buvant bruyamment et salement le contenu quand il avait soif, nous observant accomplir nos besoins d’un air qu’on espérait blasé, ou hébété, fuyant généralement avant que ne retentisse le vacarme de la chasse, qui semblait le terrifier tout autant que tout le reste, même les sautillements rapprochés des corbeaux) –, à nos amusements parfois cruels – une fois, par contre, je découvris mon frère cadet assis seul dessous, l’oreille collée contre l’un de ses pieds torsadés, à l’écouter geindre (probablement impressionné par l’émolliente antienne qu’inspiraient à notre mère, à l’imitation de plusieurs de ses tantes, les stations debout prolongées en des lieux perdus pour la famille ou désertés – « Si cette maison, si cette pièce pouvaient parler… » –, ou la contemplation nostalgique d’objets devenus inutiles, recueillis abandonnés, douloureusement hérités, ou détournés – « Si ce piano pouvait parler, si son siège pouvait parler… » ; « Si ce lustre pouvait parler… » ; «  Si ces chenêts pouvaient parler... » ; «  Si cet oreiller, ce traversin, si ce sommier pouvaient parler… » –), mais il fut incapable, car trop jeune alors, de me rapporter, mis à part « On dirait un bateau de corsaires ! », ce qu’il pouvait en avoir entendu, et moi-même n’avais jamais cru à ces enfantillages séniles –, pour finir, à un étouffement progressif sous des toiles cirées, avec le progrès de plus en plus imperméables et résistantes. A la considérer là, injuriée des salissures d’un banal apéritif moderne, assez basse et plutôt étroite, carrée à l’exclusion des ses angles arrondis, je me sens exagérément enflé et vieilli, moi qui en gardais malgré tout, y compris ma connaissance adulte du fonctionnement de la mémoire, une image vaste, imposante et rectangulaire, moi qui n’apercevais jadis que de très loin, sous un immense plafond immaculé piqué de la pointe d’une simple ampoule, à l’assaut duquel s’élançaient la corniche plantée de cruches d’un buffet habillé dans du tissu à carreaux jaunes et blancs grisés par l’âge, la hotte vitrée coiffant le double évier et la cuisinière, et trois malheureuses fenêtres fuyantes les encadrant, l’oncle régner au haut bout, moustache en alerte, pupilles perpétuellement pétillantes, reprenant sans cesse et sans faiblir, à notre plus grande joie mêlée d’une touche d’effroi, l’index dévié par les rhumatismes et le coude levés, comme pour imposer un silence qui s’imposait pourtant de lui-même, sauf à sa femme qui pouffait par derrière, ou proférait d’inappréciables condamnations ou commentaires en gascon – dont seule ma mère avait le pouvoir de sourire, car il était devenu sourd, surtout dans ces occasions –, tout en remuant le plus de vaisselle possible, allant jusqu’à se mettre, de dépit, à laver une poêle au milieu du repas,

 

les cycles de ses histoires de setters novices lâchés sur les pistes abruptes de senteurs de perdrix, de palombes, du sanglier royal à jamais raté à bout portant par le plus citadin des beaux-frères, des trop jeunes truites escamotées au contrôle des gardes pour être finalement oubliées, mais pas des mouches, aux poches secrètes des vestes de montagne, jusqu’à ce qu’un cri suivi d’une salve de jurons féminins ne les ramènent soudainement à la mémoire, d’homériques parties de tennis sous les arbres luxuriants du Tonkin, dont l’une avait failli coûter la vie à un officier de ses amis pour avoir pris plein œil la balle qu’il lui avait renvoyée trop sèchement, de la pétarade déclenchée parmi les rameurs « nègres », parce qu’il avait souhaité leur faire goûter les haricots tarbais d’une boîte de la réserve qui le suivait dans ses pérégrinations jusqu’à épuisement, tout au long de la descente exploratoire du bras, selon lui, le plus méconnu du Congo, de celui qui finit dans l’eau rouge happé par un crocodile, du beau morceau de lion qui se serait invité une nuit sous sa tente, pour faire finalement demi-tour après lui avoir longuement reniflé la plante des pieds à travers la moustiquaire, d’un ou deux quidams empalés sur un buffle, du crissement – qu’il aurait entendu à cette époque encore, mais qui ne l’empêchait apparemment pas de pratiquer des siestes de pontife tous les débuts d’après-midi que Dieu faisait, sauf les dimanches, moins directement parce que Dieu Lui-même s’était reposé ce jour-là, que parce que c’était celui des visites à la parentèle ou dans le voisinage, et qu’on y sirotait jusque fort tard de savants dosages de café bien serré et de digestifs, à l’abri de vérandas ou sous des tilleuls centenaires, un bras en V soutenant la nuque – de sa baïonnette enfilée jusqu’au fusil dans une orbite allemande au sommet d’une de ces buttes de sang et de boue qui ont pour toujours défiguré Verdun – et des besoins pressants servaient alors souvent de prétexte à certains pour quitter momentanément l’assemblée avant le dénouement, ou dès que l’anecdote ressassée se profilait dans la conversation, mais lui maintenait un sourire dont la nuance d’amusement se voulait tout de même légèrement supérieure (le même, à la nuance près, qu’on lui voit sur ces nobles photos en blanc laiteux et noir d’ébène, auréolées d’un sfumato retrouvé, sous la cloche d’un casque monté sur un âne escorté de deux autres en retrait, plus râblés, supportant docilement deux lieutenants à ses ordres – dont l’un est celui qui restera au Monte Cassino –, laissant filer entre leurs pattes la commune ligne de fuite du sable vide et de l’écume étale de l’infini d’une plage marocaine, avec tout au fond la silhouette brouillée d’une citadelle entamée sous les Génois et renforcée par les Espagnols) –,

 

ainsi que d’autres, plus nouvelles, relevées dès le retour des courses, à la lecture attentive, systématique, exhaustive, grand étalée au milieu de la cuisine, de La Dépêche du Midi. Combien de générations – quatre déjà à ce jour –, combien de demeures – deux –, combien de déménagements connaîtra-t-elle encore – et combien après moi –, et combien en faudra-t-il pour qu’elle apparaisse tout à coup, un de ces jours de remise en cause généralisée, définitivement démodée, même par les yeux du snobisme ou du respect dû aux aïeux, pour qu’elle semble vaguement honteuse, depuis trop longtemps déjà déplacée, pour qu’on la juge tout juste bonne à sentir la découpe du gibier, les oignons déposés en vrac dans leurs filets de poussière, les bottes et les chaussures de marche, les outils à tailler les roses et les murs de thuyas, pour qu’elle tourne à l’inutile, que sa blessure se réveille et se creuse, qu’elle cède et s’affaisse d’un côté, se vermoule à tomber en sciure, pour qu’elle n’attire plus aucun esprit, que tout souvenir s’en soit évaporé, pour qu’on ose l’écarteler en planches à compléter et étayer des placards, à bâtir des étagères dans le cellier – où Bordeaux s’éteindra sous un pot de confiture, de cornichons préparés à la maison, ou la bouteille d’un bon Chablis –, dont l’une sortira de la famille pour être cédée aux voisins, et d’autres pourront être emportées à Paris par des cousins éloignés, ou déposées avec les pieds, contre le mur extérieur, la veille du ramassage des « monstres », et que le reste ou le tout atterrisse fatalement au centre d’un sombre feu dit « de joie », et se trouvera-t-il encore un seul enfant assez curieux pour deviner l’inscription se fondre parmi les flammes ?

 

sa voix revenue du futur semble vouloir m’inspirer quelque chose, quelqu’un me parle et j’entends le mot « marsala », « Mais il est sourd, ma parole, est-ce que tu reveux du marsala ? ».

 

 

[à suivre]

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