Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Moyen Véhicule : Auto d'édition Hypertexte à prétention littéraire

MONDIALISATION DE LA BÊTISE

François Cosmos

Le terrain sur lequel prolifère la COVID-19 est celui de l’ignorance et de la bêtise humaines – ces deux partenaires de tango dont on ne sait pas au juste qui mène l’autre, car si savoir rend moins bête, est-ce que c’est la bêtise qui empêche de savoir, ou d’avoir envie de savoir, ou qui pousse à ne s’intéresser qu’à de faux savoirs, et à des conneries ? –, doublées par l’appât du gain – qui est lui-même une forme de bêtise, car ce qui vaut vraiment de vivre ne coûte rien, ou pas grand-chose, Saint-Augustin, Bach, Kant, l’Abbé Pierre… se sont très bien passés de yachts, de résidences secondaires, de croisières, et de séjours aux Seychelles. Sans même compter l’impulsion de départ qui vient de la destruction aveugle des milieux naturels et de pratiques indifférentes à l’hygiène, sur les marchés, ou de consommation traditionnelles (chinoises, en l’occurrence, mais ça aurait pu aussi bien se passer n’importe où ailleurs ou à une autre époque), c’est ensuite une succession de gestes stupides qui nous a conduit à cette pandémie : entre ceux qui ne se lavaient déjà jamais les mains, même en sortant des chiottes, mais qui ont en plus continué malgré les mises en garde, et à faire des bises parce qu’ils sont contre le gouvernement ou les élites, ou qu’ils ne croient pas les médias, ou parce qu’ils pensent qu’on surestime le danger pour faire peur, et veulent montrer qu’ils ne sont pas dupes ou qu’eux n’ont pas peur – les mêmes font généralement preuve de la même bravoure en ne ralentissant pas dans le brouillard ou sur la neige et le verglas –, ceux qui plongeaient les doigts dans les cacahouètes après avoir toussé dans leurs mains, ceux qui n’ont pas voulu reporter des matches de foot en raison des « enjeux financiers » – c’est-à-dire pour continuer à se mettre du fric dans les poches –, ceux qui se sont regroupés quand même autour des stades et dans les cafés pour se livrer à des partouzes d’embrassades, ceux qui, comme Larcher ou Jacob, n’ont pas pu attendre l’automne pour remporter enfin une campagne électorale – il faut dire que la dernière fois, c’était aux dernières municipales, mais celles-là n’ont plus aucun sens, certains électeurs vont être empêchés de voter, soit par le confinement, soit par la crainte, soit parce que les mesures d’hygiène qu’on nous promet dans les bureaux de vote vont être mises en place dans la même ignorance et manque de réflexion que le reste. J’appelle d’ailleurs à boycotter les élections afin de les annuler, et d’envoyer le bulletin qu’on comptait mettre dans l’urne à l’adresse suivante :  M. Gérard Larcher, Palais du Luxembourg, 15, rue de Vaugirard, 75291 Paris cédex 06 –, ceux enfin qui vont faire comme si de rien n’était en laissant leurs gargotes ouvertes parce qu’ils ont des réservations dans la semaine ou qui vont se pointer au contrôle technique parce qu’ils avaient RDV lundi.

Et je ne parle même pas de ceux qui vendent à prix d’or des dentifrices censés soigner du coronavirus – les imbéciles, en l’occurrence, sont plutôt ceux qui vont les acheter –, ceux qui croient participer à la lutte contre la pandémie en transmettant des messages appelant à se gargariser avec de l’eau de Cologne ou du vinaigre – et ceux qui le font –, ceux qui pensent tuer le virus en passant tout au microondes ou en stockant des vêtements dans les congélateurs, ou ceux qui croient que le virus se promène maintenant dans l’air ambiant ou dans l’eau potable – et qui ont vidé les commerces de toutes les bouteilles d’eau minérale –, une telle pandémie de connerie que ces tout petits virus semblent faire preuve de plus d’intelligence collective que l’espèce humaine avec ses plus de 7 milliards de grands crétins.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires