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Le Moyen Véhicule : Auto d'édition Hypertexte à prétention littéraire

"SONG TO SONG"

François Cosmos

Là est la vraie pensée complexe[1] On peut penser que Malick n'est pas très loin (après les deux essais progressifs À la merveille, puis Knight of Cups) d'avoir trouvé le moyen de filmer l'âme – non pas seulement son reflet dans les paysages et le décor, comme chez Rossellini par exemple, mais l'âme-même, directement, en son cœur. – Car ce ne sont pas des corps physiques qu'il nous fait voir : les corps physiques ne se comportent pas systématiquement, rituellement, comme il nous les montre, ne s'approchent pas amoureusement toujours comme ça, quel que soit le couple en jeu, avec les mêmes gestes répétés de scène en scène, de film en film, from song to song… Les âmes, par contre, ne doivent pas avoir d'autre possibilité pour pouvoir s'aborder, s'apprivoiser, se rapprocher, s'atteindre, chercher à fusionner à travers et malgré la barrière des corps séparés.

 

[1] Raison pour laquelle, sans doute, une certaine tendance de la critique française lâche progressivement Malick, celle-là même qui peut déblatérer sur des pages et pendant des heures, d'un ton supérieur, à propos de petites choses germanopratines dont elle prétend être la seule à comprendre le caractère novateur et la pureté cinématographique, car elle n'aime rien tant que les films qui lui donnent l'impression d'être plus intelligente que ses auteurs, et n'apprécie guère qu'on lui présente des œuvres qui la dépassent – ou alors il faut qu'elles viennent de cinéastes morts, et il faudrait qu'on m'explique en quoi les derniers opus de Malick constitueraient une régression, un abandon, témoigneraient d'une perdition, et seraient inférieurs à Sayat Nova de Paradjanov, par exemple, parce qu'ils tournent le dos à toutes les autres formes de narration filmique, et même à la narration filmique, pour atteindre à un autre territoire, à une autre possibilité, à une autre dimension de l'art cinématographique.

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